Retour à meilleure fortune des régimes de retraite en 2021

Après un résultat catastrophique en 2021 en raison de la crise sanitaire, les régimes de retraite retrouvent des couleurs. La branche vieillesse de la Sécurité sociale réduit ainsi son déficit de 3,2 milliards par rapport aux prévisions. De son côté, l’Agirc-Arrco affiche un résultat technique excédentaire de 2 milliards d’euros.

Déficit inférieur aux prévisions pour la branche retraite de la Sécurité sociale

En 2020, des millions de Français sont passés à l’activité partielle en raison de la pandémie de Covid-19.

En conséquence, la masse salariale a diminué de 6 % et les cotisations pour la retraite ont été suspendues, réduisant drastiquement les rentrées d’argent du régime.

Ce dernier a ainsi été contraint de puiser 5 milliards d’euros pour assurer le paiement des pensions. Au total, sur l’exercice 2020, la quarantaine de régimes composant le système français ont subi une perte de 13 milliards d’euros. En outre, le Conseil d’orientation des retraites (COR) annonçait un « besoin de financement » de l’ordre de 7 et 10 milliards.

La situation s’est heureusement améliorée l’an dernier grâce au rebond économique enregistré au second trimestre. Le recours à l’activité partielle a été moindre, et la masse salariale a augmenté de 9,8 % au lieu de 5,1 % comme attendu. La perte pour la branche retraite de la Sécurité sociale s’est ainsi limitée à 2,6 milliards, contre 5,8 milliards budgétés.

Excédent de 2,6 milliards pour l’Agirc-Arrco

Les cotisations perçues par l’Agirc-Arrco ont grimpé à 88,3 milliards d’euros en 2021, en progression de 8 milliards par rapport à 2020. En parallèle, les dépenses s’élèvent à 86,3 milliards pour 2021 (+900 millions depuis 2020 soit +1,1 %) en raison de la revalorisation de 1 % des pensions et de la hausse du nombre de pensionnés. Le régime complémentaire des salariés du privé termine l’année avec un excédent de 2,6 milliards sur son compte (incluant les résultats financiers du régime) après le résultat négatif de 5,3 milliards en 2020.

Avec 6 milliards d’euros supplémentaires, les réserves du régime s’élevaient à 68 milliards d’euros au 31 décembre 2021. Malgré le conflit ukrainien, Didier Weckner, président de la caisse, écarte tout risque à court terme. Un rattrapage de 0,1 % au minimum de la revalorisation pour se rapprocher de l’inflation (1,6 %) a été annoncé pour novembre 2022 après la sous-valorisation de 0,5 % décidée en fin d’année dernière.

Pour compenser la faiblesse de leur pension, de nombreux retraités reprennent une activité professionnelle.

De ce fait, ils sont nombreux à opter pour le portage salarial, qui leur permet de cumuler leurs droits avec un salaire, tout en restant autonomes et en bénéficiant d’une couverture sociale étendue.

  • Leurs dépenses de santé sont prises en charge par l’Assurance maladie et une mutuelle collective.
  • Ils continuent à cotiser pour la retraite pour atteindre le taux plein ou éviter les malus.
  • Sous conditions, ils perçoivent une allocation chômage en cas de perte d’activité.
  • Enfin, ils sont éligibles aux congés payés et au dispositif de financement de la formation professionnelle.

Actuellement, les sociétés de portage salarial se multiplient France ; avec l’accroissement du portage salarial Nantes, Paris, Bordeaux, Lille, Montpellier et de nombreuses autres villes, preuve de l’essor de cette forme d’emploi en France.

Le report de l’âge légal de départ à 65 ans remis en question

Le retour des comptes au quasi-équilibre questionne la pertinence d’un report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans ou 65 ans souhaité par certains candidats à la présidentielle.

S’appuyant sur ces chiffres, les syndicats soulignent l’inadéquation d’une telle réforme pour une question de financement.

Pour autant, l’impact du vieillissement de la population ne doit pas être négligé. Les projections du COR montrent que l’équilibre global du système de retraite ne sera pas atteint avant 15 ans. Quelques régimes restent à la peine, comme celui des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers (CNRACL), dont le déficit devrait passer à 3 milliards d’euros d’ici 2025, soit un creusement de 200 %.

Même un report à 65 ans ne comblerait pas l’écart dû à l’insuffisance de recrutements d’agents au statut alors que de son côté, la caisse des contractuels (Ircantec) dispose d’une manne de 13 milliards.