Un demandeur d’emploi peut cumuler une activité d’autoentrepreneur avec tout ou partie des indemnités chômage jusqu’à épuisement de ses droits. Il doit cependant remplir plusieurs conditions. Avec l’ARCE, il peut toucher une partie de son allocation chômage sous la forme d’un capital destiné à financer un projet entrepreneurial.

Cumul chômage et statut d’autoentrepreneur

Avoir une activité sous le statut d’auto-entrepreneur en étant bénéficiaire d’allocations chômage est désormais possible.

  • Tant que l’autoentreprise ne réalise pas de chiffre d’affaires ou que celui-ci est très faible, l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) est versée à 100 %.
  • Si l’autoentreprise génère des revenus suffisants, l’ARE est maintenue, mais son montant est réduit.

Une restriction est cependant imposée : la somme des indemnités chômage et des revenus générés par l’autoentreprise ne peut être supérieure au salaire journalier de référence (SJR) qui a servi de base de calcul de son ARE. Le SJR désigne le salaire moyen que percevait l’allocataire au titre de sa dernière activité salariée.

Qui peut toucher le chômage en étant auto-entrepreneur ?

Les salariés touchent l’ARE

Les conditions d’attribution de l’ARE

L’obtention de l’ARE est réservée aux anciens salariés qui satisfont aux critères suivants :

  • S’inscrire auprès de Pôle Emploi dans les 12 mois immédiatement consécutifs à la rupture du contrat de travail.
  • Résider sur le territoire français (présence de plus de 6 mois requise au cours de l’année civile d’indemnisation).
  • Ne pas avoir atteint l’âge légal de départ à la retraite (dépendant de son année de naissance).
  • Avoir été privé involontairement de son activité professionnelle salariée (bien que quelques cas de démission jugés légitimes soient admis).
  • Justifier d’une durée minimale de travail de 88 jours ou 610 heures au cours des 28 mois précédant l’inscription ou des 36 derniers mois pour les actifs âgés de plus de 53 ans.
  • Être en recherche effective d’un nouvel emploi ou être engagé dans la création d’une autoentreprise).

Le calcul de l’ARE

Les étapes suivantes sont nécessaires pour connaître le montant des allocations chômage de l’autoentrepreneur :

Étape 1 : Déterminer le montant des revenus mensuels issus de l’autoentreprise à prendre en compte. En effet, ils doivent être minorés de l’abattement pour charges, lequel correspond à un pourcentage du chiffre d’affaires variable selon la nature de l’activité :

  • 71 % pour les activités commerciales et industrielles,
  • 50 % pour les prestations de services,
  • 34 % pour les activités libérales.

Étape 2 : Soustraire 70 % de ce montant au montant de l’ARE habituellement perçu.

Les travailleurs indépendants touchent l’ATI

Depuis le 1er novembre 2019, les autoentrepreneurs en cessation d’activité ont droit à l’allocation chômage des Travailleurs Indépendants (ATI) au même titre que les autres indépendants. Sont concernés les :

  • commerçants,
  • artisans,
  • artistes auteurs,
  • professionnels libéraux qui ne relèvent pas d’un métier réglementé,
  • exploitants agricoles,
  • travailleurs non-salariés ne relevant pas des professions agricoles,
  • dirigeants d’entreprises affiliés au régime général de la sécurité sociale,
  • mandataires d’assurance.

La liste exhaustive des activités éligibles est disponible auprès de Pôle emploi.

Les conditions d’octroi de l’ATI

Pour toucher l’ATI, les conditions suivantes doivent être remplies :

  • Justifier d’une activité non salariée sur une période minimum et continue de 2 ans (pas de mise en sommeil) au sein d’une seule et même entreprise, extrait Kbis à l’appui.
  • Justifier de revenus annuels d’activité égaux ou supérieurs ou à 10 000 € en moyenne sur les deux années précédant la cessation (7 500 € à Mayotte).
  • Disposer de ressources personnelles (non générées par l’activité professionnelle et hors revenus du conjoint) inférieures au Revenu de Solidarité Active (RSA), qui s’élève à 564,78 € par mois pour une personne seule (419,81 € à Mayotte). Pour déterminer leur montant, Pôle Emploi se base sur l’ensemble des revenus perçus sur et hors du territoire national et déclarés à l’administration fiscale.
  • Avoir fait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire avec éviction du dirigeant ou d’une liquidation judiciaire. L’ouverture de cette procédure collective réservée aux entreprises en difficulté est établie par une copie de la décision du juge du tribunal de commerce précisant le motif de l’arrêt de l’activité.
  • S’inscrire comme demandeur d’emploi dans un délai de 12 mois à partir de la date du jugement de redressement ou de liquidation.
  • Ne pas être éligible à une retraite à taux plein par atteinte de l’âge légal de départ ou par validation du nombre minimum de trimestres requis.
  • Être en recherche effective d’un emploi, c’est-à-dire multiplier les actions pour retrouver un poste, créer une entreprise ou reprendre une structure existante.

Pôle Emploi attribue l’ATI pendant un délai non renouvelable de 182 jours (environ six mois), dès lors que l’allocataire satisfait aux critères d’attribution. Le décompte commence à la date d’inscription et de soumission de la demande d’allocation, sans différé ou période de carence ou d’attente. En outre, en cas de suspension de versement de l’ATI, par exemple due à un arrêt maladie ou à la reprise d’un contrat à durée déterminée, la période d’indemnisation est automatiquement prolongée d’une période équivalente à celle de la suspension.

Le calcul de l’ATI

Le montant journalier de l’ATI s’élève à 26,30 €, à multiplier par le nombre de jours dans le mois. Sont ensuite déduits :

  • la contribution sociale généralisée (CSG),
  • la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS)
  • l’impôt sur le revenu (IRPP).

ATI ou ARE ?

L’ATI ne peut être cumulé avec l’allocation spécifique de solidarité (ASS) et l’ARE. Cependant, s’il demande et obtient l’ATI, l’ASS est suspendu. La reprise est possible après l’arrêt des versements de l’ATI s’il lui reste des droits.

De même, s’il est encore bénéficiaire de l’ARE, et que son montant et sa durée sont plus favorables à l’allocataire que l’ATI, l’ARE prime obligatoirement. Dans le cas contraire, l’allocataire peut privilégier l’ATI et adresser une demande écrite en ce sens à Pôle Emploi, ce qui entraîne la perte définitive de l’ARE.

Comment toucher le chômage pour autoentrepreneur ?

Pour continuer à toucher le chômage tout en créant son autoentreprise, le demandeur d’emploi doit accomplir certaines formalités :

  • Informer Pôle Emploi de la création de son autoentreprise, même si elle ne génère pas encore de chiffre d’affaires. Le certificat d’immatriculation doit être présenté en guide de justificatif.
  • Déclarer ses revenus professionnels à l’URSSAF chaque mois ou chaque trimestre, y compris si ces revenus sont nuls. Le justificatif de la déclaration doit ensuite être transmis à Pôle Emploi pour actualisation de la situation de l’allocataire et permettre d’ajuster ses droits à ses revenus. Il doit préciser s’il est toujours en recherche d’emploi et communiquer le nombre d’heures travaillées au cours du mois écoulé.

Lorsque la déclaration ne peut être faite à l’échéance convenue à Pôle Emploi, l’allocation peut être octroyée à titre provisoire, sous réserve d’une régularisation le mois suivant.

Qu’en est-il de l’ARCE pour l’autoentrepreneur ?

Le demandeur d’emploi qui envisage la création ou la reprise d’une entreprise peut toucher une partie de son ARE sous forme capital afin de réaliser son projet. Concrètement, il peut convertir 45 % du montant brut des ARE qui lui restent à la date de la création de l’entreprise ou celle de l’obtention de l’ACCRE si elle a été obtenue ultérieurement. Ce dispositif désigné par Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise (ARCE) est à demander auprès de Pôle emploi.

Le versement de l’ARCE s’effectue en deux phases :

  • la moitié du capital est versée dès le lancement de l’activité,
  • le deuxième paiement intervient après 6 mois ou 182 jours, sous réserve que l’autoentreprise soit encore en activité.

Attention, l’ARE et l’ARCE ne sont pas cumulables. Il faut donc réfléchir à l’option la plus intéressante avant de faire un choix, qui ne peut plus être modifié. L’avantage de l’ARCE est que les revenus tirés de la nouvelle activité n’ont aucun effet sur l’aide de Pôle emploi. En contrepartie, l’ARCE est plus faible que les allocations potentiellement perçues s’il avait opté pour leur maintien. C’est une option intéressante si l’entrepreneur anticipe des revenus élevés très rapidement, mais qu’il lui faut un financement pour son démarrage.

Qu’en est-il du reliquat des droits au chômage ?

Le bénéficiaire de l’ARE ou de l’ARCE qui met fin à son autoentreprise n’a pas toujours épuisé l’intégralité de ses indemnités de chômage au moment de la cessation d’activité. Il s’agit des 55 % de l’ARE qui ne lui ont pas été versés durant sa période d’exercice sous le statut d’autoentrepreneur, puisqu’il est censé en avoir tiré des revenus.

Ce reliquat peut être récupéré, non pas en numéraire, mais sous la forme de jours additionnels de droits au chômage, car il va percevoir à nouveau l’ARE. Pour cela, il doit se réinscrire auprès de Pôle Emploi sans dépasser un « délai de déchéance » correspondant à 3 ans augmentés de la durée totale de l’ARE.

Après déduction des sommes déjà perçues, la différence est divisée par le montant journalier de l’allocation afin d’obtenir un nombre de jours qui viennent prolonger la durée d’indemnisation.

Il existe également des statuts comme le portage salarial qui apporte une sécurité aux freelances désireux de tester leur idée avant de se lancer. En effet, le portage salarial est une alternative entre la liberté d’entreprendre et la sécurité du salariat.