La fuite du capital humain, qui désigne l’expatriation des scientifiques ou des personnes à très haute qualification comporte des causes récurrentes : une structure économique peu accueillante pour l’expression de leurs talents et la faible utilisation des potentialités de ce capital humain. Plusieurs études récentes se sont penchées sur la réalité de cet « exode » en France. Le système français actuel favorise-t-il la fuite des cerveaux ?

Un flux mal recensé, mais qui s’accélère

Si l’on se base sur les « cerveaux étrangers » de passage en France, le taux de rétention des étudiants étrangers est seulement de 4% en France (source : note CAE http://www.cae-eco.fr/Preparer-la-France-a-la-mobilite-internationale-croissante-des-talents.html ), alors même qu’il atteint 47% au Royaume-Uni. Cela implique donc que le système public forme pour une somme modique des étudiants qui, ensuite, retournent travailler dans leur pays ou s’expatrient.

Etre un pays formateur net (le flux des étudiants est supérieur à celui de sa classe d’âge) implique un surcoût pour le pays dont il ne bénéficiera pas ensuite, un investissement perdu.

Si on se base ensuite sur les Français partis à l’étranger, selon l’Insee, environ 3,4 millions de Français vivent à l’étranger. Le flux est de 120.000 sortants par an.

Les expatriations les plus nombreuses ont lieu dans le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication, ainsi que dans la finance. Ces secteurs sont en effet par nature axés sur l’international, très concurrentiels et évoluent à grande vitesse. Cette fuite est alors d’autant plus problématique que ces secteurs tirent toute l’économie vers le haut et constituent un formidable accélérateur de croissance.

Comment éviter l’exode ?

« Cet exode reste au total préoccupant parce qu’il affecte une élite peu nombreuse et économiquement stratégique, qui est essentielle au développement de la nouvelle économie » (https://www.senat.fr/rap/r99-388/r99-388_mono.html#toc27).

Un problème est régulièrement pointé du doigt par les universitaires et les scientifiques : le manque de moyen attribué à la recherche. Cela se traduit par des guerres de postes, dont l’attribution peut être opaque, et par des freins matériels à la conduite des recherches. Le système étant peu incitatif et bouché, l’inclinaison est, bien sûr, pour les jeunes chercheurs de s’expatrier.

« Tous les entrepreneurs que le Groupe de Travail a rencontrés à l’étranger ont souligné combien l’environnement administratif et réglementaire, la fiscalité et l’accueil reçu aux Etats-Unis et en Angleterre étaient mieux adaptés aux besoins des entreprises qu’en France » (https://www.senat.fr/rap/r99-388/r99-388_mono.html#toc10)

Le CAE préconise dans un premier temps de renforcer les liens des expatriés avec leur pays d’origine, afin de les inciter à revenir. Une des hypothèses serait d’offrir des « options de cotisations ouvrant des droits en matière d’inscription et de tarifs dans les établissements d’éducation français ». Les français pourraient ainsi « se former en France, partir à l’étranger pour démarrer une carrière de haut niveau, puis rentrer en France à l’âge où il faut payer les études pour ses enfants ou se soigner ».