L’évaluation des prestataires par les utilisateurs – et réciproquement – bouleverse l’économie du partage, les auto-entrepreneurs qui y travaillent ainsi que, par capillarité, certaines grandes entreprises.

économie collaborative

L’évaluation permanente par l’utilisateur du service

Uber, Airbnb ou Drivy demandent systématiquement «une note sur l’expérience» ressentie. Au risque, parfois, de sortir de l’objectivité, d’avoir des notations vengeresses, et de créer du ressentiment («Il m’a mis que deux étoiles, parce que je lui avait mis une mauvaise note, et ça fait baisser ma moyenne»).

Monsieur Duhamel, fondateur du site Marmitton, affirme que certains des utilisateurs retirent leurs recettes, déçus par des notes inférieures.

Le choix est devenu binaire : claquer la porte lorsqu’on le peut; rester quand on y est obligés et accepter l’évaluation permanente.

Ainsi est née une exigence de service très forte, de peur d’avoir une mauvaise note, et de perdre son travail. Uber, par exemple, supprime les comptes des chauffeurs dont la note descend en dessous d’un certain seuil.

En principe, un système de notation pousse à donner le meilleur de soi-même et, renforçant la transparence sur un marché, permet de se rapprocher d’un système concurrentiel dit «pur et parfait».

C’est peut être oublier que ces systèmes sont loin d’être parfaits. D’abord car il y a une inflation de bonnes notes, afin d’éviter le conflit, pour ne pas brusquer, ou tout simplement car mettre la note maximale, c’est aussi une solution de facilité. Des chercheurs de la Boston University ont ainsi calculé que plus de 90% des notes sont des notes maximales. En conséquence la mauvaise note tend à correspondre à celui qui sort de la norme; la bonne note revient au comportement «moyen», qui devient en conséquence l’objectif.

La gestion des salariés par l’analyse de leurs données

Grâce au big data, la mise en place de critères d’évaluation et la compilation automatique des données entrent dans l’entreprise. Les groupes bancaires, téléphoniques, les groupes de conseils mettent un place des systèmes croisés comprenant le temps de présence au travail, la satisfaction des clients, la notation du supérieur hiérarchique, ou le système d’avancement ou de prime.

Des entreprises travaillent à la portabilité des notes : votre note Uber (disponible dans la rubrique aide) pourrait ainsi fusionner avec celle d’Airbnb et être comptabilisée dans celle de votre entreprise, affectée d’un coefficient.

Curieusement, l’explosion des systèmes de notation intervient alors que l’école tente de réduire l’évaluation permanente des élèves. Microsoft a supprimé son système d’évaluation et de classement de ses 100.000 employés, jugé chronophage et d’un intérêt limité.

Alors, qui est à contre courant ?