Dans le monde du travail indépendant, l’échec n’est pas une éventualité : c’est une étape. Pour Christine Boulanger, fondatrice de Visage d’en faces, il a même été le point de départ d’une transformation profonde, tant professionnelle que personnelle. Son parcours nous rappelle que la résilience est une compétence clé, voire une philosophie de vie pour tout freelance. À travers son témoignage dans le podcast Les Génies du Bien, elle partage ses apprentissages, ses outils et ses convictions pour surmonter les creux de la vague et bâtir un écosystème plus humain et plus juste.

Quand l’échec devient moteur de création

Christine n’a pas fondé Visage d’en faces dans une période d’euphorie. Ce projet est né de deux événements majeurs en 2015 : un licenciement économique et les attentats en France. Ces secousses, personnelles et collectives, lui font ressentir une urgence d’agir. Elle reprend alors le dessin – une passion ancienne – pour rencontrer, écouter, dessiner et raconter des parcours humains. Loin d’une simple reconversion, Visage d’en faces devient un projet de sens, au croisement du récit, du portrait et de la transmission.

Mais le chemin n’a pas été linéaire. Christine raconte que sa première entreprise s’est soldée par un échec sévère. Ce revers, loin de l’avoir arrêtée, l’a armée. « Cette première expérience m’a servie », explique-t-elle. Elle y a puisé les fondations de sa résilience.

Le défi de faire comprendre une offre unique

Créer une offre qui n’existe pas ailleurs, c’est passionnant… mais difficile à vendre. Les débuts de Visage d’en faces ont été marqués par l’incompréhension, parfois même le mépris. On lui disait que son approche était « fumeuse » ou « optionnelle ». Ces retours l’ont blessée, mais aussi poussée à mieux présenter son travail, à clarifier son message, à affiner son positionnement.

Elle comprend alors l’importance de se faire accompagner. Un regard extérieur sur sa communication lui permet de mieux traduire l’impact de son offre. Et surtout, elle apprend à transformer chaque refus en apprentissage : pourquoi l’offre n’a-t-elle pas convaincu ? Que peut-on ajuster ? Pour Christine, « donner du sens à l’échec » devient une stratégie de développement.

Poser des limites pour durer

Comme beaucoup de freelances, Christine a connu l’épuisement. Accepter des délais intenables, des budgets dérisoires, vouloir tout faire : cela finit par dégrader la qualité du travail… et la confiance en soi. « J’ai appris à dire non », confie-t-elle. Un non réfléchi, respectueux, mais nécessaire.

Elle adopte aussi une organisation plus saine : travailler en sous-traitance, ne pas être toujours en première ligne commerciale, respecter ses horaires. Programmer ses e-mails pour ne pas donner l’image d’une disponibilité illimitée est l’un de ses outils pour préserver son équilibre.

Créer du lien dans un monde indépendant

L’isolement est un mal bien connu des indépendants. Pour le contrer, Christine imagine un écosystème plus connecté, où les freelances pourraient se retrouver facilement, comme à une « machine à café » virtuelle et géolocalisée. En attendant cette application idéale, elle mise sur le lien humain : elle s’est constituée un « conseil d’administration officieux », un cercle de mentors, amis, anciens collègues, à solliciter selon les besoins.

Elle insiste : il ne faut pas attendre d’être au fond du trou pour demander de l’aide. Et surtout, il faut aussi nourrir ces relations, remercier, donner des nouvelles, entretenir la réciprocité.

Trois outils pour rebondir dans les périodes creuses

Christine propose un véritable kit de survie émotionnelle pour les freelances en difficulté :

  1. Marcher dès le matin : « Le corps en mouvement aide l’esprit à avancer », explique-t-elle. Même un petit tour du quartier permet de prendre de la distance.
  2. Limiter LinkedIn : Réseau utile mais parfois toxique en période de doute, où l’on n’y voit que des réussites. Mieux vaut faire une veille métier ou technique en alternative.
  3. Tenir un carnet de réussite : Chaque soir, noter trois petites choses réussies dans la journée – une action, un contact, une compétence – permet de garder le cap, même dans les creux.

Vers un modèle plus humain du travail indépendant

Ce que Christine propose, au fond, c’est un changement de regard : sur l’échec, sur la vulnérabilité, sur la valeur de son travail. Pour elle, l’authenticité est la plus puissante des différenciations. Plus elle a aligné son offre avec ses convictions, plus ses clients lui ont fait confiance. « La congruence, c’est l’ajustement entre nos pensées, nos ressentis, nos paroles et nos actes », résume-t-elle.

Son témoignage est une invitation à construire un modèle plus juste, plus collaboratif, plus résilient du travail indépendant. Où l’on accepte la vulnérabilité comme une force. Où l’on valorise la partie invisible du travail. Et où l’on cultive des liens humains, sincères, et durables.

 

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