Vous le savez, l’intelligence artificielle est en train de transformer le monde du travail. Et elle s’invite désormais dans la gestion quotidienne des ressources humaines : recrutement, formation, évaluation des compétences, planification des effectifs. Les directions d’entreprise y voient un moyen de gagner en efficacité, tandis que les collaborateurs espèrent y trouver un appui pour mieux travailler. Mais entre promesse de performance et quête de bien-être, l’équilibre reste fragile. 

Une étude internationale conduite par l’Université de Melbourne et KPMG en 2025 révèle un paradoxe : si 83 % des répondants estiment que l’IA apportera des bénéfices, seuls 73 % en constatent réellement dans leur expérience quotidienne. Pour les entreprises, ce décalage appelle une réflexion stratégique : comment maximiser les gains de performance tout en renforçant la confiance des salariés ? 

 

Des gains concrets déjà visibles dans les organisations

Du côté des dirigeants, l’IA a déjà fait ses preuves sur plusieurs terrains. 

  • Efficacité opérationnelle : 88 % des personnes interrogées s’attendent à des gains, et 78 % confirment les avoir constatés. Automatisation des plannings, gestion des candidatures ou suivi administratif sont autant de domaines où l’IA libère du temps. 
  • Réduction des tâches répétitives : près de 9 répondants sur 10 citent ce bénéfice, et plus de 8 sur 10 l’expérimentent. En pratique, cela signifie moins de saisie manuelle et plus de disponibilité pour les missions stratégiques. 
  • Optimisation des coûts : 84 % des sondés attendent un impact sur la maîtrise des dépenses, et 72 % affirment en avoir bénéficié. Pour les directions, c’est un argument clé en faveur de l’adoption. 

Ces résultats montrent que l’IA est déjà un levier économique réel, capable de renforcer la compétitivité des entreprises. 

 

Les attentes des collaborateurs : au-delà de la performance

L’étude souligne toutefois que les salariés ne limitent pas leur vision de l’IA à la productivité. Ils attendent qu’elle améliore leur expérience de travail. 

  • Capacités renforcées : 74 % considèrent que l’IA leur permet d’élargir leur champ d’action, par exemple en facilitant l’accès à l’information. 
  • Créativité et innovation : 81 % espèrent un soutien dans ce domaine, mais seuls 69 % disent en bénéficier effectivement. 
  • Équité : 75 % aimeraient que l’IA réduise les biais, notamment dans le recrutement et l’évaluation, mais ce bénéfice n’est observé que par 54 % des répondants. 

Ces écarts révèlent une tension : l’IA répond déjà aux besoins de performance, mais peine encore à tenir ses promesses en matière de bien-être, d’équité et de créativité. 

 

Confiance et transparence : les conditions d’une adoption durable

L’acceptation de l’IA en entreprise ne repose pas uniquement sur les résultats obtenus. Elle dépend surtout de la perception qu’en ont les collaborateurs. L’étude montre que les personnes ayant une expérience positive de l’IA sont aussi celles qui lui font le plus confiance, l’acceptent et l’utilisent davantage. 

Pour créer ce cercle vertueux, trois leviers apparaissent essentiels : 

  • La transparence : expliquer comment l’IA fonctionne, quels critères elle utilise et dans quels cas elle intervient. 
  • La gouvernance : fixer des règles claires d’utilisation, incluant une dimension éthique et un suivi des impacts. 
  • La formation : permettre aux salariés de comprendre et d’apprivoiser ces outils pour en tirer parti plutôt que de les subir. 

 

Recommandations pour les entreprises

Pour les décideurs et DRH, cette étude constitue une feuille de route. Voici quelques actions prioritaires : 

  • Formaliser une politique d’IA responsable intégrée aux processus RH et alignée avec les valeurs de l’entreprise. 
  • Associer les collaborateurs dès la phase de conception et de déploiement des solutions, afin de lever les inquiétudes et d’adapter les usages. 
  • Mesurer régulièrement les impacts : pas seulement la productivité, mais aussi le bien-être, le sentiment d’équité et l’engagement. 
  • Développer une culture de l’IA en investissant dans la pédagogie, la sensibilisation et les ateliers pratiques. 
  • Positionner l’humain au centre : l’IA doit libérer du temps pour ce que la technologie ne remplacera jamais — l’accompagnement, la créativité, le lien social. 

 

Un défi d’équilibre pour les entreprises

L’IA n’est pas une mode passagère mais une lame de fond qui redessine les modes de gestion et d’organisation. Les chiffres montrent qu’elle génère déjà des bénéfices tangibles pour les entreprises. Mais ils rappellent aussi que la confiance et l’éthique conditionnent son adoption et sa légitimité. 

Pour les décideurs, la clé réside dans un équilibre stratégique : utiliser l’IA comme levier de performance et comme catalyseur d’un environnement de travail plus humain, plus équitable et plus créatif. Les entreprises qui réussiront cette alliance transformeront l’IA en un véritable atout de compétitivité durable et d’engagement collaborateur.