A l’heure où le numérique et ses composants électroniques (ordinateurs, téléphones, tablettes) prennent une place grandissante dans notre quotidien, leur utilisation au travail est devenu pour beaucoup une évidence, un moyen de travailler plus efficacement. Cependant ce sentiment n’est pas partagé par tous et l’évolution vers le « tout-numérique » fait manifestement face à des résistances, surtout en France. Et fait troublant, ces conservatismes n’émanent pas des salariés mais bien des dirigeants français.

travail numérique

To be (geek) or not to be ?

En partenariat avec TNS Sofres, Capgemini Consulting a publié neuf ans après la seconde édition de son étude[1] consacrée aux Français au travail, menée auprès de 7800 salariés (dont 3000 Français) dans le monde, travaillant dans des entreprises et des administrations de taille différentes, en France, en Allemagne, en Espagne, au Royaume-Uni, au Brésil, en Chine, et aux États-Unis).

Alors que 87% des salariés français témoignent d’un sentiment positif envers le numérique et ses composants, seuls 20% des cadres dirigeants affirment percevoir le numérique comme une véritable moteur de l’évolution, alors qu’à l’étranger ils sont entre 45 et 70%. Patrick Benoit, vice-président de Capgemini Consulting affirme dans ce sens que « pour qui veut s’en saisir, les technologies numériques ouvrent des voies pour repenser la coopération et la production de valeur avec l’écosystème de nos organisations, mais également pour simplifier des organisations devenues trop complexes tout en favorisant décloisonnement, responsabilité et initiative collectives et individuelles. « Il nous paraît donc indispensable que les équipes dirigeantes des organisations françaises réinterrogent leur conviction commune sur l’enjeu numérique », ajoute-t-il.

Les auteurs d’une autre étude similaire[2] expliquent ainsi que « La résistance au changement n’est pas là où on l’attend. Certes, la société française, ses organisations, ses salariés, ne sont pas les plus spontanément attirés par le mouvement lui-même. Mais ce conservatisme, si l’on en croit nos données, semble encore plus marqué dans le haut de nos pyramides organisationnelles que dans le bas».

Une mutation du travail bénéfique aux salariés ?

En effet, le numérique pourrait permettre aux entreprises de dégager plus de profit mais également d’améliorer la productivité de leurs salariés, par la mise en place de méthodes de travail différentes. Aujourd’hui, on estime que 4 millions de travailleurs français travaillent au moins une fois par semaine en dehors du bureau, une organisation qui a mené à la création d’espaces de travail collaboration. Cependant, la demande pour ce type d’espaces reste pour l’instant assez cantonnée au milieu de l’innovation, aux travailleurs indépendants ou à ceux qui ont fait le choix du portage salarial pour travailler en dehors de l’entreprise tout en restant salarié.

Or, une expérience menée par LBMG Worklabs a démontré que les nouvelles formes de travail, notamment le télétravail en coworking et en télécentres, ont un impact très positif sur les « salariés d’entreprise » : ainsi après avoir tenté l’expérience pendant huit mois 93% des salariés déclarent vouloir poursuivre l’expérience, 54% affirment que la productivité et la qualité de leur travail est meilleure, 50% ressentent une véritable diminution de la fatigue et du stress et 31% déclarent que leur sentiment d’appartenance à leur entreprise s’est renforcé. Des résultats qui devraient donner à réfléchir et permettre une réorganisation du travail.