Le Portage Salarial reste un outil encore très méconnu des entreprises et des cadres. C’est pourtant une formule unique et irremplaçable dont le succès ne s’est pas démenti depuis sa création il y a 25 ans.

A l’origine le portage salarial est né de la nécessité pour des cadres seniors d’accepter des missions ponctuelles auprès de donneurs d’ordres sans pour autant perdre leurs droits à l’allocation chômage, ce qui aurait été le cas s’ils avaient dû créer une entreprise ou agir comme indépendants.

Avec le temps, le régime de l’Assurance Chômage a vu ses dispositions s’adapter aux différentes contraintes d’une économie du travail en forte mutation et cette première motivation a disparu. Pourtant le succès du Portage ne s’est pas pour autant démenti.

Depuis une dizaine d’année les transitions professionnelles se multiplient, le changement déstabilise les organisations et transforme le profil des carrières. Dans ce contexte le Portage a permis que des missions puissent améliorer le parcours professionnel des cadres entre deux postes dès lors que ceux-ci étaient en capacité de transformer leur expérience en une offre de prestation : expertise, conseil ou formation.

Dans le même temps, d’un simple service de gestion, la profession du portage s’est vu fixer des objectifs plus complets et notamment la nécessité de former les candidats à l’adoption d’une posture nouvelle et exigeante : celle de prestataire autonome.

Quelques entreprises seulement se sont dotées des moyens suffisants pour relever ce défi, ce sont également celles qui ont mis en place des accords d’entreprises sur le temps de travail pour parfaire un dispositif qui pêchait par l’absence de références juridiques articulés sur le droit du travail.

Avec la loi de juin 2008 et l’extension de l’accord de juin 2010, de volontaristes, ces mesures deviennent obligatoires pour l’ensemble de la branche.

Les deux principaux syndicats du Portage ont fusionné récemment, une convention collective est au programme des discussions entre le syndicat patronal ainsi rénové (PEPS) et l’Observatoire Paritaire du Portage Salarial (OPPS). La profession a trouvé aujourd’hui sa vitesse de croisière dotée des organes ad-hoc pour gérer son devenir en l’inscrivant dans le droit et le dialogue social.

Ainsi le Portage est désormais en mesure de répondre aux attentes qui émergent, qu’il s’agisse de besoins individuels comme la demande de plus en plus exigeante d’autonomie des cadres ou de nécessités collectives exprimées par les organisations qui réclament une souplesse accrue pour disposer d’experts afin de mieux faire face à la complexité croissante des projets et des affaires.

Considérer le Portage Salarial comme un dispositif de gestion des ressources et des carrières deviendra naturel dans un futur proche. Cette construction est le signe que la société française a une véritable capacité d’adaptation et d’entente alors qu’elle est trop souvent citée comme rigide et antagoniste. Ne boudons pas notre plaisir…

Roland Bréchot