Malgré des avancées en matière de qualification, l’inégalité hommes-femmes sur le marché du travail demeure. Les femmes continuent de faire face à des obstacles lorsqu’il s’agit d’accéder à l’emploi et de choisir une orientation professionnelle, souvent dictée par des stéréotypes sociaux et culturels. Le point avec les chiffres communiqués par France Travail.
La lente progression vers l’égalité dans l’accès à l’emploi
Le paysage professionnel révèle des tendances marquantes qui témoignent de la persistance des inégalités entre hommes et femmes. Les données de France Travail pour 2023 montrent que bien que 48,8% des demandeurs d’emploi soient des femmes, elles accèdent moins rapidement à un emploi que leurs homologues masculins.
Des qualifications accrues, mais une insertion professionnelle limitée
Les femmes ont investi dans leur éducation, avec 58% des personnes ayant un diplôme supérieur à Bac+2 étant des femmes, une hausse notable par rapport aux années précédentes. Cependant, cet investissement ne se traduit pas par une insertion professionnelle proportionnelle :
- 48% des hommes retrouvent un emploi après 6 mois contre 44% des femmes.
- Après 18 mois, l’écart se réduit mais persiste : 69% des hommes contre 65% des femmes.
- Pour les emplois durables, 37% des hommes accèdent à un poste stable après 6 mois contre 32% des femmes.
Ces chiffres soulignent la difficulté persistante des femmes à transformer leur qualification en opportunités égales à celles des hommes.
La persistance des métiers genrés
Les choix de carrière des femmes restent fortement influencés par des normes de genre. Les statistiques de France Travail révèlent que 64,5% des femmes s’orientent vers des métiers dits « féminins » :
- Service à la personne et à la collectivité : 24,9% des femmes contre 3,3% des hommes.
- Support à l’entreprise : 15,1% des femmes contre 2,4% des hommes.
- Santé : 5,1% des femmes contre 0,7% des hommes.
Ces chiffres montrent une forte concentration féminine dans des secteurs traditionnellement perçus comme féminins, tandis que les métiers techniques et industriels restent majoritairement masculins.
Les métiers dits « masculins » et l’effet frontière
Les métiers à prédominance masculine, tels que la construction et l’industrie, attirent peu de femmes. Environ 8% des femmes seulement se dirigent vers ces secteurs. L’effet frontière, un concept qui décrit la réticence des individus à entrer dans des domaines où plus de 60% des effectifs sont d’un genre spécifique, contribue à cette disparité.
Les candidatures féminines pour des secteurs tels que le BTP, les transports et la sécurité privée restent rares :
- BTP : seulement 2,9% des candidatures.
- Transports terrestres : 14,1%.
- Sécurité privée : 21,8%.
L’impact sur les choix de formation
Les préférences genrées dans le choix de métier influencent également les formations suivies par les demandeurs d’emploi. Les femmes continuent de privilégier des formations correspondant à des secteurs féminisés :
- 5,7% des formations suivies par des femmes concernent la santé.
- 5,7% se concentrent sur les services et commerces de proximité.
- 4,9% visent l’action sociale.
En comparaison, les hommes optent pour des formations dans des domaines plus techniques et physiquement exigeants :
- 14,7% des formations en transport.
- 8,5% en manutention.
- 3,7% en prévention et sécurité.
Cette orientation genrée des formations contribue à maintenir des inégalités sur le marché du travail, malgré les efforts pour promouvoir des parcours plus diversifiés.
Vers une égalité réelle sur le marché du travail ?
Les chiffres révèlent une vérité persistante : même si les femmes investissent dans leur éducation et développent leurs qualifications, elles continuent de se heurter à des obstacles dans leur retour à l’emploi et dans le choix de carrière. La segmentation des métiers et des formations selon le genre maintient ces inégalités, soulignant l’urgence de déconstruire les barrières culturelles et sociales.
Encourager l’accès des femmes à des secteurs non traditionnels et promouvoir des formations mixtes sont des étapes essentielles pour tendre vers une égalité réelle sur le marché du travail.