A l’issue du premier jour de la Conférence sociale, retour sur les enjeux majeurs d’une réunion sous tension qui a vu certains partenaires sociaux quitter provisoirement la table.
La conférence sociale, enjeu majeur pour l’emploi en France ?
La violence de la communication autour de cette réunion dit assez bien l’enjeu que l’on prête à la Conférence sociale dans un contexte de chômage record1 et de croissance atone2. On sait par exemple que pour s’assurer de la présence de certains syndicats patronaux, le premier ministre a bien voulu reporter certaines mesures (comme le futur compte pénibilité) et demander que le Code du travail soit simplifié.
De quoi donner quelques éléments de décryptage à l’annonce du boycott par la CGT, de la FO et de la FSU de cette troisième conférence sociale du quinquennat de François Hollande3, qui était il est vrai déjà annoncée comme étant « sous très haute tension4 ». Elle se tiendra donc côté patronat avec des représentants du MEDEF (malgré une menace initiale de boycott), de la CGPME et de l’UPA, côté salariés avec des représentants de la CFDT, de FO, de la CFTC et de la CFE-CGC.
Que peut-on raisonnablement attendre des sept table-rondes chacune présidée par un ministre ?
La création de 500 000 emplois en jeu
Le premier ministre a d’ores et déjà prévu de conforter l’alternance, perçue comme une arme anti-chômage5, ainsi que l’apprentissage6 en perte de vitesse ; pour le ministère du travail, l’amplitude des allègements qui pourraient être annoncés conditionnerait la création de pas moins de 500 000 emplois7 !
Mais de quels allègements parle-t-on ? Il s’agit essentiellement d’allègements patronaux prévus dans le cadre du pacte de responsabilité et estimés à 40 milliards d’euros. Ces annonces viennent toutefois apporter de l’eau aux moulins de leaders syndicaux qui, s’agissant de Jean-Claude Mailly (FO), se demande « à quoi ça sert une conférence sociale si tout est annoncé avant? », et pour quoi sa mécanique était « usée8 ».
Il est regrettable, surtout dans le contexte que l’on sait, que l’hypothèse d’un dialogue social dégradé gagne en crédibilité, d’autant que de nombreuses mesures doivent pouvoir concilier les revendications respectives des syndicats patronaux et salariés.
Des solutions concrètes promues dans des plans spécifiques
D’un côté (syndicats des salariés) l’on s’inquiète du délitement supposé de la protection salariale, ou de l’importance de « cadeaux » consentis aux patrons. Et de l’autre (syndicats patronaux) l’on se plaint, au-delà du coût du travail, de la rigidité supposée9 du Code du travail.
Dans cet océan de méfiance réciproque entre les acteurs de l’entreprise, il existe pourtant un îlot de confiance dans les solutions innovantes et dans les emplois du futur.
En effet, il semble que la Conférence sociale se concentre sur les problématiques d’emploi actuelles mais que les ministres, chacun dans leur domaine favorise les solutions d’anticipation.
C’est le cas notamment des plans commandés par le Ministre du Numérique dont celui sur les opportunités d’emploi générées par le Big Data.
C’est aussi le cas du plan pour l’emploi des seniors annoncée par le Ministre du Travail qui valorise le développement des formes innovantes d’emploi comme le portage salarial (plus d’informations). Cette innovante relation de travail qui préserve les avantages du salariat et garantit la formation du travailleur porté, permet à toute entreprise cliente de choisir quand et dans quelle mesure recourir à telle ou telle expertise, avec les avantages évidents que cela induit.
Encore une fois, c’est la pratique et les nouvelles technologies qui semblent avoir un impact réel et qui permettent de produire des solutions concrètes pour l’emploi.