D’après une étude réalisée par Cercle Perspectives, un groupe de réflexion rassemblant les 19 plus grands cabinets d’expertise-comptable en France, l’emploi dans les TPE-PME du secteur immobilier démontre une bonne résistance aux effets de la crise actuelle. Toutefois, des disparités notables sont mises en évidence selon le type d’entreprise, le secteur d’activité et la région géographique.

Un ralentissement notable de l’activité pour l’ensemble du secteur immobilier

Le secteur immobilier, incluant les agences immobilières, le notariat, l’architecture et le bâtiment connait une crise marquée par une flambée des prix des matières premières et des taux d’intérêt, des difficultés d’accès au crédit, ainsi qu’un déclin de la construction neuve.

La Banque de France pointe du doigt un bond de 36,9 % du nombre de défaillances d’entreprises sur un an dans le secteur du bâtiment et une augmentation encore plus préoccupante de 41,4 % dans les activités immobilières.

L’essoufflement du marché a également eu un impact négatif important sur les études notariales, en particulier celles disposant d’un département immobilier conséquent. Ce phénomène est particulièrement visible dans les zones urbaines, où 42 % d’entre elles ont été contraintes de réduire leurs effectifs pour faire face à la baisse des transactions.

Des effets hétérogènes selon les types d’entreprises

Cependant, la situation de l’emploi présente des disparités qui demandent à être examinées de plus près. Selon Antoine de Riedmatten,

L’étude menée par le Cercle Perspectives – dont il est le Président – met en lumière la forte capacité d’adaptation des TPE-PME. En effet, en contraste avec les plans de restructuration engagés par les grands acteurs du secteur, ceux de taille plus modeste ont privilégié la réallocation de leurs ressources humaines pour s’adapter aux défis actuels.

L’analyse des données recueillies auprès de 11 090 entreprises révèle un fait marquant : les sociétés comptant au moins 5 salariés affichent le turnover le plus élevé, tant en termes de suppressions d’emplois que d’embauches (33 % et 40 % des répondants). Cette tendance s’explique par leur flexibilité et leur réactivité dans la gestion de leurs effectifs, en réorientant leurs ressources vers des activités plus porteuses.

Les TPE intermédiaires (2 à 4 salariés) affichent une certaine stabilité en matière d’emploi, avec un quasi-équilibre entre suppressions (24 %) et créations (25 %). En revanche, les plus petites structures, relevant de l’auto-entrepreneuriat ou avec un seul salarié, ont adopté une attitude prudente en suspendant les recrutements (+3 %) en attendant une embellie du marché. Ces dernières, situées en aval de la chaîne de sous-traitance, sont souvent les premières victimes des fluctuations économiques.

De nombreux professionnels ont choisi de se lancer en tant qu’indépendants, afin de pouvoir proposer leurs compétences à des entreprises très diverses ayant des besoins ponctuels ou récurrents.

Le portage salarial immobilier leur offre un cadre sécurisé pour exercer en toute autonomie et en bénéficiant d’une protection sociale complète.

Les TPE-PME plus résilientes grâce à un réaménagement des effectifs

Face à ces défis, les TPE-PME du secteur immobilier maintiennent un équilibre entre créations (25 %) et suppressions (26 %) d’emplois. Et 25 % d’entre elles ont su s’adapter pour répondre aux nouvelles réalités du marché, en réorientant une partie de leurs équipes vers des domaines plus dynamiques.

Par exemple, dans le BTP, si le ralentissement de la construction neuve a entraîné des licenciements, des démissions ou des ruptures conventionnelles pour 27 % des TPE-PME, nombreuses sont celles qui se sont focalisées sur la rénovation énergétique, répondant ainsi à une demande en forte croissance.

En outre, certaines régions sont parvenues à tirer leur épingle du jeu et à recruter en 2023. Les Hauts-de-France et le Grand Est sortent du lot avec respectivement 31 % et 33 % des entreprises locales ayant créé des emplois, profitant de l’émergence de nouveaux sites industriels. C’est par exemple le cas à Dunkerque avec la giga factory de Verkor pour la fabrication de batteries destinées aux voitures électriques. Malgré cette résilience, à moins d’une relance de la construction de logements neufs à travers le pays, les perspectives pour la filière restent incertaines.