Jusque-là, la robotisation n’avait pas eu d’effet critique sur l’emploi dans le monde ou en France, ses applications étant assez limitées à des tâches mécaniques ne nécessitant ni réflexion ni capacité d’analyse. C’est ainsi que l’OCDE considère depuis 2016 que la robotisation ne menace que 9% des emplois, les pourcentages étant nettement plus élevés pour les professions faisant appel à moins de matière grise que les autres.

Robotisation du travail

Un impact non négligeable sur l’emploi

Toutefois, il semblerait que ce constat soit de nature à évoluer dans la mesure où la robotisation va être couplée à l’intelligence artificielle, dont le champ d’application est beaucoup plus large. Ainsi, des professions épargnées par la robotisation risquent d’y succomber car leur plus-value pourra être réalisée par un robot, tout du moins une intelligence artificielle. Celle-ci se nourrit des données fournies par l’homme et est capable, lorsqu’elle intègre des processus de machine learning, d’apprendre par elle-même sans intervention humaine. Des travaux nécessitant une réflexion pourront donc être remis à des robots, leur permettant d’avoir une emprise de plus en plus grande sur le travail.

Ce mouvement sera donc de nature à réellement menacer l’emploi, comme le prévoyaient deux chercheurs de l’université d’Oxford dès 2013, estimant à l’époque que l’automatisation présentait un risque de 47% pour l’emploi. A titre d’exemple, imaginons un robot capable de réaliser des statuts standards d’une société, de rédiger des courriers et autres mises en demeure. Dans un cabinet à échelle humaine, il peut ainsi aisément remplacer un collaborateur qui dispose pourtant d’un certain bagage juridique.

Cette digitalisation de la société et de l’emploi sera évidemment accompagnée par la création de nouveaux emplois dans un phénomène de destruction créatrice déséquilibrée, de telle sorte que cette nouvelle vague détruira certainement plus d’emplois qu’elle n’en créera.

Le remplacement de l’humain par la machine attendra

Néanmoins, le remplacement de l’humain par la machine au travail n’est pas encore imminent. Il faudra du temps pour reproduire efficacement le travail pour le moment effectué par l’humain. Bien que le développement de l’intelligence artificielle poursuive une ascension exponentielle, notamment à l’image du « deep learning », il ne pourra pas pour autant se substituer à l’homme qui bénéficie d’un atout majeur tiré de sa situation même d’être-humain, inspirant une certaine confiance.

C’est d’ailleurs cet aspect de l’emploi que l’article « Preparing for a new era of work » de la société de conseil des directions générales du monde entier McKinsey pointe du doigt en mettant en exergue son imperméabilité à la robotisation et à l’automatisation. Les interactions resteront de l’apanage de l’homme alors que la production et la transaction pourront être dévolues à des entités robotisées.

En tout état de cause, le futur de l’emploi est déjà une réalité même si son omniprésence n’est pas encore acceptée de tous.

Lectures complémentaires :

  • https://www.oecd.org/els/emp/Policy%20brief%20-%20Automation%20and%20Independent%20Work%20in%20a%20Digital%20Economy.pdf
  • http://www.oxfordmartin.ox.ac.uk/downloads/academic/The_Future_of_Employment.pdf