Selon l’INSEE, une commune périurbaine est une commune proche, ou en périphérie de la commune qui draine un coeur économique et les emplois. Dans ces villes périurbaines, quatre travailleurs sur dix doivent changer de département afin de pouvoir travailler. Ce sont des communes (ou unités urbaines) pour lesquelles au moins 40 % des actifs résidents travaillent dans le pôle ou dans les communes attirées par celui-ci. (Insee)

Depuis le début des manifestations contre la loi travail et la naissance du mouvement « Nuit debout », certains pointent l’absence du milieu périurbain dans ces mouvements, alors même que ce sont les plus impactés et les plus en attente d’un déblocage du marché du travail.

Des logements en périphérie des emplois dans les pôles

Les actifs qui résident dans les couronnes périurbaines, moins bien pourvues en emplois que les pôles urbains, sont les plus mobiles : ils travaillent rarement dans leur commune de résidence et font des déplacements plus longs, tant en distance routière qu’en temps de trajet.

Un actif du périurbain fera 30,5 kilomètres pour se rendre à son lieu de travail, tandis qu’un actif d’un pôle urbain n’effectue que 23 kilomètres en moyenne. (Insee)

Les salariés habitant dans l’aire urbaine parisienne se distinguent de ceux qui résident dans les grandes aires urbaines de province par des temps de trajet relativement longs, malgré des distances parcourues plus courtes.

Donnée étonnante : ce sont les cadres qui parcourent des distances nettement plus grandes que les autres catégories de salariés. Cependant, cela peut s’expliquer comme un choix de vie plus qu’une contrainte (logement plus grand, espaces plus calmes, activités sportives en extérieur, espaces verts privilégiés…)

Les pôles urbains regroupent 77 % des emplois salariés, quand n’y habitent que 63 % de salariés. A contrario, le périurbain rassemble 12 % des emplois salariés et 22 % des salariés y résident (Source INSEE). Un actif résidant dans un pôle urbain a donc potentiellement plus de chances de trouver un emploi proche de chez lui, voire dans sa commune, qu’un actif périurbain. Cependant, les emplois offerts près du domicile ne sont pas nécessairement ceux qui correspondent à la qualification, à la formation, ou aux choix de l’individu.

Un sentiment d’éloignement

La frustration est forcément élevée pour les travailleurs des zones périurbaines, et pourtant les analystes décryptent le mouvement « Nuit debout » comme un mouvement citadin et bourgeois à l’opposé des préoccupations périurbaines.

Des raisons rationnelles peuvent expliquer cette disjonction : d’abord, concernant le temps de déplacement pour rejoindre le cœur des grandes villes. Mais il est aussi possible d’envisager une deuxième explication : les conditions de travail et la journée plus difficile de ces personnes, dont une part significative sont ouvriers et/ou travailleurs non qualifiés.

Il convient toutefois de prendre garde à ne pas ranger le périurbain en une seule et même notion globale.

Selon les données publiques, en Ile-de-France, 1 385 communes sont considérées comme périurbaines. (Huffington Post)

Il est toutefois possible de tirer quelques conséquences, comme un recul de l’engagement citoyen et un certain désintéressement, notamment pour une réforme du travail qui risquerait pourtant de les impacter.