La gestion du temps est une compétence clé pour les salariés comme pour les managers. Entre réunions interminables, interruptions incessantes et tâches administratives chronophages, nombreux sont ceux qui se sentent débordés et impuissants face à la pression quotidienne. Pourtant, des solutions concrètes existent pour reprendre la main sur son emploi du temps, améliorer sa productivité et retrouver un équilibre sain. Des pistes pour mieux organiser son temps au travail et redonner du sens à ses journées.
La gestion du temps : une responsabilité collective
L’un des premiers leviers pour une gestion du temps efficace repose sur une prise de conscience collective. Comme l’explique Diane Ballonad Rolland, coach et fondatrice du cabinet Temps et Équilibre, la gestion du temps ne peut plus être considérée comme une problématique uniquement individuelle. Selon elle, ce sujet doit être abordé ouvertement avec son manager et ses collègues.
Face à une surcharge de travail, même les meilleures techniques d’organisation atteignent leurs limites. Il devient alors indispensable de clarifier ensemble ce qui constitue une « vraie urgence », selon les spécificités du métier ou du secteur. Instaurer des temps d’échange réguliers pour discuter de l’organisation du travail permet de désamorcer les tensions, de mutualiser les bonnes pratiques et d’améliorer durablement la cohésion d’équipe. Ces discussions sont loin d’être une perte de temps : elles jettent les bases d’une organisation plus fluide et adaptée aux réalités de chacun.
Intégrer les imprévus dans son planning
Un autre point souvent négligé dans l’organisation du travail est la gestion des imprévus. Adrien Chignard, psychologue du travail et auteur, invite à cesser de planifier nos journées comme si les aléas étaient exceptionnels. Aujourd’hui, ils sont au contraire la norme. Il recommande donc d’intégrer dans son emploi du temps des « zones tampons », c’est-à-dire des créneaux réservés chaque semaine pour absorber les débordements (dossiers urgents, sollicitations de dernière minute, retards…).
Ces sessions de deux heures, idéalement les mardis matin et vendredis après-midi, jouent un rôle de soupape. Elles permettent de préserver son efficacité sans sacrifier sa santé mentale ni empiéter sur sa vie personnelle. Ce sont des bulles de respiration essentielles à une productivité durable.
Le portage salarial : un levier de flexibilité et de maîtrise du temps
Dans cette quête d’équilibre, le portage salarial apparaît comme une alternative de plus en plus prisée par les professionnels en quête d’autonomie. Ce dispositif hybride, qui combine les avantages du statut de salarié (protection sociale, assurance chômage, retraite…) avec la liberté de l’activité indépendante, permet à de nombreux cadres, consultants ou experts de reprendre le contrôle sur l’organisation de leur temps.
En optant pour le portage salarial, le professionnel choisit ses missions, négocie ses tarifs, et surtout, gère son emploi du temps selon ses priorités. Il peut ainsi organiser ses journées en fonction de ses pics de productivité, intégrer des plages de repos ou de formation, et réduire les temps improductifs. En outre, les tâches administratives étant prises en charge par la société de portage, le consultant peut se concentrer pleinement sur son cœur de métier. Un gain de temps significatif, et souvent libérateur.
Prioriser pour éviter la dispersion
Nina Bataille, coach en neurosciences et auteure de J’arrête de courir après le temps, insiste quant à elle sur l’importance de la priorisation. À l’ère de l’instantanéité, où les sollicitations sont permanentes, savoir identifier ce qui compte vraiment est un art à cultiver au quotidien.
Elle pose une question simple : « À quoi vais-je donner ma priorité aujourd’hui ? » En se la posant chaque matin, on apprend à hiérarchiser ses tâches, à lâcher prise sur ce qui n’est pas essentiel, et à résister à la tentation de vouloir tout faire parfaitement. Car l’efficacité ne rime pas toujours avec perfection. Les notifications, les mails lus en continu ou encore le multitâche fragmentent l’attention et épuisent les ressources cognitives. Couper les distractions pour se concentrer sur une seule tâche à la fois est un geste simple mais redoutablement efficace.
Apprendre à dire non et à gérer ses « drivers »
La gestion du temps passe aussi par un travail sur soi. Dire non à certaines sollicitations, savoir différer les demandes non urgentes, ou encore renoncer à un certain niveau de perfection sont autant de compétences à développer. Il est également utile de réfléchir à ses moteurs internes, ou « drivers » – ces injonctions inconscientes telles que « sois parfait », « fais plaisir » ou « dépêche-toi » – qui influencent nos comportements professionnels.
Travailler sur ces schémas peut permettre de mieux comprendre ses mécanismes d’épuisement et d’adopter une relation plus saine au travail et au temps. En apprenant à reconnaître ses limites, on gagne en lucidité, en efficacité et en sérénité.
Se ressourcer pour mieux performer
Enfin, il ne faut pas négliger les moments de récupération. Comme le rappelle Adrien Chignard, se reposer ne signifie pas uniquement dormir. Il s’agit aussi de consacrer du temps à des activités qui nourrissent l’esprit et le corps : marcher, lire, méditer, créer… Ces temps réguliers permettent non seulement de mieux gérer le stress, mais aussi de renforcer sa motivation et son engagement.
Vers une nouvelle culture du temps au travail
Reprendre le contrôle de son temps au travail nécessite un changement de perspective : il ne s’agit pas seulement de mieux remplir ses journées, mais de les habiter différemment. En combinant approche individuelle et réflexion collective, en intégrant les imprévus et en donnant du sens à ses priorités, chacun peut retrouver de la maîtrise, de la fluidité et du plaisir dans son activité professionnelle. Car, in fine, bien gérer son temps, c’est avant tout mieux vivre son travail.