On parle rarement du burn out des indépendants. Pourtant, d’après une étude réalisée en 2016 par BPI France, 15 % des freelances sont en burn out ou en risque de l’être. Les causes peuvent être multiples : charge de travail importante, difficulté à séparer vie personnelle et vie professionnelle, clients difficiles, stress lié à la survie de l’entreprise, etc. Pour raisons évidentes, l’indépendant ne peut pas se permettre de s’arrêter de travailler pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, suite à un burn out. Son activité ne s’en remettrait pas et ses revenus deviendraient inexistants. Afin de réagir efficacement en cas de signes avant-coureurs et garder le syndrome de l’épuisement professionnel à distance, voici quelques conseils efficaces à suivre.

Le burn out : définition et symptômes

Définition

L’OMS définit le burn out ainsi : “sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail”. Ce terme anglais, également désigné par l’expression « épuisement professionnel », exprime donc un état de stress chronique lié au travail, menant à un mal être profond.
Différent de la dépression, cette maladie moderne ne doit pas être traitée de la même manière. Il est donc essentiel d’établir un diagnostic auprès d’un professionnel de santé afin de prendre les bonnes décisions notamment en matière de congé maladie. Selon les situations, la dépression ne nécessite pas nécessairement un arrêt de travail. De même, un burn out ne se guérit pas avec des anti-dépresseurs.

Symptômes du burn out des indépendants

  • fatigue permanente et profonde
  • troubles du sommeil
  • troubles de la digestion
  • douleurs (migraines, maux de dos, etc.)
  • système immunitaire fragile
  • troubles du comportement (manque de concentration, difficulté à prendre des décisions, cynisme)
  • isolement social
  • irritabilité, crise de colère
  • sentiment d’incompétence et d’échec
  • addiction
  • pensées suicidaires

Repérer les premiers signes de burn out chez l’indépendant

Il peut être très difficile de repérer ces symptômes soi-même. Même si on les constate, on aura tendance à les mettre sur le compte d’autre chose. Les entrepreneurs sont naturellement plus investis que les salariés dans leur travail. Ils font généralement plus d’heures par semaine et ne sont pas prêts à remettre en cause une de leur raison de vivre. Leur activité est au centre de leurs préoccupations et admettre qu’il en font trop au point de mettre leur santé en danger, peut s’avérer compliqué.
Pourtant, certains signes précurseurs du burn out ne doivent pas être ignorés. En écoutant ses besoins au bon moment, il est possible d’éviter la catastrophe.

Le dégoût de l’activité

Chaque matin en vous levant, vous vous sentez accablé par la somme de travail que vous avez à réaliser dans la journée. Vous savez que vous allez devoir reporter certaines tâches au week-end qui arrive et cette idée vous déprime. Mais c’est le seul moyen pour respecter les engagements que vous avez pris. Vous vous sentez comme pris au piège et avez envie de tout plaquer, pour fuir loin.
De plus, vous ressentez une grande lassitude face au travail que vous devez accomplir. Le cœur de votre métier vous semble ingrat, ennuyeux et vous y allez à reculons, voire la boule au ventre. Vous cherchez à vous redonner du cœur à l’ouvrage mais rien n’y fait.

La frénésie de travail

Le schéma inverse existe aussi. Vous en faites trop, vous n’arrivez plus à décrocher. Au cours de la journée, vous prenez peu de pauses, vous mangez tout en travaillant et le soir, vous continuez malgré un fort sentiment de stress et une fatigue évidente. Impossible de dire stop et de vous détendre. Votre rapport au travail devient frénétique.
Mais vous pensez que tout va bien : vous faites votre travail efficacement et rien ne semble pouvoir vous arrêter. Débordant d’énergie, vous en profitez pour en faire encore plus que d’habitude. Jusqu’au jour où vous craquez complètement ! Un matin, la simple idée de vous mettre au boulot vous fait horreur. Votre cerveau semble embrouillé. Impossible de réfléchir, de vous concentrer. Vous n’êtes plus en état de faire votre travail.

Réagir rapidement quand le burn out se manifeste

Libérez votre parole

Dans un premier temps, il est essentiel de mettre des mots sur votre souffrance. Accepter et verbaliser ce que l’on ressent est la première étape vers la guérison. Parlez à une personne de confiance. Si elle a déjà vécu cette situation, c’est encore mieux. Elle sera à même de vous écouter sans vous juger.
Ensuite, consultez votre médecin. Il vous conseillera certainement de prendre quelques jours de repos voire plus. Il vous orientera également vers un psychologue afin que vous puissiez entamer une thérapie si nécessaire. Vous êtes seul juge pour savoir si cette démarche vous convient mais sachez tout de même qu’en libérant votre parole, vous trouverez peut-être les causes profondes de votre burn out.

Prévenir vos clients

Vous devrez ensuite prévenir vos clients que vous êtes dans l’incapacité d’exercer votre activité pendant quelques jours. Restez vague sur les raisons de votre arrêt. Annoncez des problèmes de santé temporaires. Si certains de vos clients sont relativement proches de vous, pourquoi ne pas les mettre dans la confidence ? Cela pourra humaniser un peu plus vos relations et instaurer encore plus de confiance entre vous.
On a souvent tendance à l’oublier mais les clients sont avant tout des êtres humains dotés d’empathie. Leur montrer une faiblesse passagère n’est pas dangereux pour la pérennité de votre entreprise, surtout si vous leur avez démontré vos compétences par le passé. Il se pourrait qu’ils se montrent plus compréhensifs que ce que vous auriez imaginé.

Déléguez vos missions en cours

Si certains d’entre eux se montrent réellement impatients, vous pouvez passer le relais à l’un de vos collègues freelances disponibles afin qu’il reprenne le travail en cours. C’est là où le réseau prend toute son importance. Veillez à toujours entretenir des relations cordiales avec des professionnels exerçant la même activité que vous. Ne les voyez pas comme des concurrents mais comme des soutiens. Plus tard, eux-mêmes pourraient avoir besoin de vous.
Si vous ne pouvez pas déléguer votre travail et que vous devez continuer à tout prix, fixez-vous des règles concernant vos horaires. Réduisez votre temps de travail quotidien à 6 heures maximum, en attendant d’y voir plus clair. Passez le reste de votre journée à vous reposer et à faire des activités qui vous font plaisir. Sollicitez votre famille pour vous aider à respecter vos heures de travail.

Retrouvez du sens

Lancez-vous dans des activités de loisirs afin d’équilibrer votre vie personnelle et professionnelle. Même si votre entreprise vous passionne, ne perdez pas de vue que vous avez besoin d’autre chose dans votre vie. Ne serait-ce que pour vous y réfugier lorsque votre activité vous stresse.
Vous pouvez pratiquer une activité sportive, vous investir dans une discipline artistique, vous tourner vers la lecture (sans forcément lire des bouquins professionnels, cela va de soi !), sortir entre amis, en famille, etc. Tout ce qui vous permet de vous aérer l’esprit pendant quelques heures.

Vous pourriez bien y trouver la passion de votre vie. De quoi, si ça marche, redonner un peu de sens à votre activité. Vous devez impérativement y travailler. Si vous ne le faites pas, la dépression ne vous enverra pas faire un arrêt de travail.