Au Royaume-Uni, le phénomène de l’auto-emploi (self-employed) prend une tournure structurelle. Beaucoup plus développée qu’en France, la formule émerge fortement : une étude menée par l’organisation fédératrice des syndicats britanniques (TUC) montre que depuis 2010 environ 44% des nouveaux emplois créés, soit près de la moitié, relèvent de la catégorie de « l’auto-emploi ».

Vers un type nouveau d’employé « self employed »

Dans son ouvrage publié en septembre 2013 Travailler pour soi, Denis Pennel, le directeur général de la confédération mondiale des agences d’emploi privées (Ciett), annonçait déja que « nous vivons moins une crise de l’emploi qu’une révolution du travail ».

Avec les évolutions technologiques de plus en plus rapides c’est toute la société qui change et avec elle la notion de travail également. On a ainsi pu voir émerger de nouvelles formes de travail ou d’emploi telles que le freelance, le boom du portage salarial, l’auto-entreprenariat ou encore le télétravail. Plus ou moins proche du régime salarial ou du régime du travail indépendant, ces nouvelles formes d’emploi démontrent que les travailleurs d’aujourd’hui ont de nouveaux besoins et redéfinissent par eux les conventions juridiques et économiques classiques du marché de l’emploi.

Alors, second souffle pour l’entreprenariat, conséquence de la crise ou manque d’opportunités sur le marché de l’emploi ?

Par ailleurs on peut s’interroger sur le choix de « l’auto-emploi », est-ce un choix voulu ou forcé ?

Un récent sondage publié dans le Financial Time semble apporter des éléments de réponse puisqu’il démontre que 72% des « auto-employés » britanniques se déclarent satisfaits de leur situation et vont même jusqu’à voir bien plus d’avantages à l’auto-emploi qu’au salariat traditionnel. Ce qui explique pourquoi depuis 2010 le nombre de travailleurs indépendants a connu une hausse de plus de 10% alors que dans le même temps le nombre d’entrepreneurs est légèrement à la baisse.

Le portage salarial, une forme en vogue de l’emploi autonome

Face à l’ampleur du phénomène, en France aussi le débat est lancé et a notamment mené le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) à publier un rapport le 8 avril 2014, traitant de la mutation des formes de travail et répertoriant différentes catégories :

Les coopératives d’activité et d’emploi

Les coopératives d’activité et d’emploi (CAE) sont assez rares puisqu’on en recense à peine une centaine. Néanmoins environ 5 000 entrepreneurs salariés sont concernés, selon l’étude d’impact du projet de loi relatif à l’économie sociale et solidaire. En effet ce type de statut traduit un regroupement économique solidaire de quelques entrepreneurs qui par cette démarche permettent à l’entrepreneur de bénéficier du statut de salarié et ainsi de sécuriser la création d’entreprise.

L’auto-entreprise

Mis en place en 2008-2009, le statut d’auto entrepreneur permet d’exercer plus facilement une activité indépendante, qu’il s’agisse de se lancer totalement à son compte ou d’effectuer une activité complémentaire, cette dernière possibilité étant le clef de son succès fulgurant. Il a connu récemment quelques menaces légales.

Le portage salarial

Forme d’emploi atypique et hybride, qui peut aussi bien être utilisée sur une période ponctuelle comme sur une longue durée, elle permet à un salarié « porté » d’être rattaché à une société de portage qui se chargera de lui assurer les avantages du régime salarial tout en prenant en charge toutes les démarches administratives. Dans le même temps le « porté » démarche et définis ses conditions (rémunérations, temps travaillé, type de prestation) avec ses clients.  En France les salariés portés étaient entre 30 et 50 000, chiffre encore plus élevés dans d’autres pays d’Europe comme l’Italie où ils seraient quatre fois plus nombreux.

La pluri-activité

La pluri-activité est un statut sous lequel se regroupe les personnes qui exercent plusieurs activités en même temps, dans le même secteur ou dans des secteurs différents, salariées ou non. Fin 2009, plus de 2,3 millions de pluriactifs, alors qu’ils n’étaient qu’1 million 6 ans plus tôt en 2003.