Créé en 1988, le portage salarial a vu sa situation évoluer de manière spectaculaire ces 30 dernières années. Son taux de croissance élevé depuis le début des années 2000 montre un intérêt croissant des français pour ce statut un peu à part, situé entre sécurité et indépendance. Des études sont menées régulièrement par différents organismes afin de comprendre l’évolution de cette forme d’emploi. Voici les chiffres clés des salariés portés, collectés à la fin de l’année 2018 par la fondation Travailler Autrement.

 

Profil type d’un porté salarié

Le premier fait important que l’on peut remarquer est l’augmentation importante du nombre de femmes ayant choisi le statut du portage salarial depuis 2016. Elles représentaient alors 38 % des salariés portés contre 49 % début 2019. 

De manière générale, le porté salarié :

  • est âgé de 50 et 64 ans
  • a fait des études supérieures (78 % ont un diplôme de grande école ou de cycle 2 ou 3)
  • a une ancienneté de plus de 4 ans
  • était à la base salarié du secteur privé dont 90 % ayant le statut de cadre.

De plus, il faut noter une augmentation significative de la proportion des salariés portés qui exercent une activité principale à travers ce statut : 77 % contre 66 % en 2016. Le portage salarial devient donc une situation de plus en plus stable et durable. 

Pourquoi être en portage salarial ?

À cette question, voici les principales réponses des intéressés : 

  • 63 % : pour garder un statut de salarié
  • 62 % : c’est pratique, simple, facile
  • 42 % : pour l’autonomie
  • 40 % : pour la liberté et le confort

Autre fait intéressant : 12 % ont répondu que leur statut était rassurant pour leur client. Cette réponse n’apparaît ni chez les entrepreneurs ni chez les micro-entrepreneurs. 

Satisfaction face à leur statut 

Les salariés portés sont plus satisfaits de leur situation que les autres indépendants. 91 % d’entre eux se disent tout à fait satisfaits ou plutôt satisfaits contre 81 % des entrepreneurs (tous types confondus). Le portage salarial n’apporte donc que peu de regrets. 91 % des portés choisiraient encore ce statut si tout était à refaire. Pourtant, seulement 78 % d’entre eux conseillent à leur entourage de devenir indépendant… Une baisse de 6 points par rapport à 2016. 

Les principales difficultés rencontrées en portage salarial

Voici les 4 écueils les plus cités par les salariés portés :

  • 69 % : trouver des clients
  • 66 % : gérer la variation des revenus
  • 49 % : la solitude dans leur travail
  • 48 % : séparer vie professionnelle et vie privée

Pour les aider à résoudre leurs problèmes, les salariés portés estiment qu’ils ont besoin avant tout de : 

  • 59 % : un réseau de contact pour développer leur activité
  • 29 % : des formations
  • 26 % : une plateforme de mise en relation avec les clients
  • 18 % : un espace de travail (co-working, etc.)

Où travaillent les salariés portés ?  

Les travailleurs en portage salarial exercent principalement :

  • chez eux
  • chez leurs clients
  • dans les hôtels
  • dans les cafés et les restaurants

Très mobiles, 55 % d’entre eux disent travailler régulièrement ou occasionnellement dans les transports en commun. 

Il est à noter également qu’ils travaillent seuls dans 66 % des cas, et au sein d’une équipe dans 33 % des cas. 

Ces chiffres sont à mettre en relation avec ceux des entrepreneurs qui travaillent principalement seuls ou éventuellement avec l’aide de leur conjoint ou d’un membre de leur famille. Il semblerait donc que les entreprises se tournent plutôt vers les salariés portés pour venir compléter leur équipe en cas de besoin.  

Portage salarial et temps de travail

En moyenne, les salariés portés travaillent 36 heures par semaine. Chiffre largement inférieur au 46 heures des entrepreneurs (hors micro-entreprise), il a cependant augmenté de manière significative au cours des trois dernières années. En 2016, ils travaillaient en moyenne 28 heures. Cette hausse est certainement à mettre en corrélation avec le fait que la proportion activité principale / activité secondaire a également changé. 

Un chiffre d’affaire qui décolle

De manière générale, les indépendants ont vu leur chiffre d’affaire augmenter durant ces deux dernières années. Il était de 40 000 euros en 2016 contre 59 000 euros en 2017. Alors que 63 % des entrepreneurs font plus de 30 000 euros et que 77 % des auto-entrepreneurs font moins de 30 000 euros par an, la répartition est particulièrement hétérogène dans le portage salarial :

  • moins de 10 000 euros : 21 %
  • entre 10 000 et 30 000 euros : 13 %
  • entre 30 000 et 70 000 euros : 23 %
  • plus de 70 000 euros : 23 %

Des revenus en hausse également

Les salariés portés sont passés en moyenne de 32 000 euros en 2016 à 39 000 euros en 2017 de revenus nets. 34 % d’entre eux gagnent entre 30 000 et 70 000 euros net et seulement 9 % gagnent plus de 70 000 euros. Il semblerait donc que plus le chiffre d’affaire est élevé, plus les charges sont importantes. Ce phénomène s’observe également chez les entrepreneurs mais pas chez les auto-entrepreneurs qui ont des charges plus réduites et en général, peu d’investissements. 

Secteur d’activités du portage salarial

Le portage salarial est très orienté vers le secteur du B2B qui représente 95 % du marché. Les secteurs les plus représentés sont : 

  • les services professionnels (expertise, conseil, etc.) : 44 %
  • la formation : 13 %
  • l’informatique : 9 %

Les services professionnels ne représentent que 12 % du marché chez les entrepreneurs.  

Qui sont les clients des portés salariés ? 

Le portage salarial semble être le statut le plus approprié pour atteindre les grands comptes. 66 % de leurs clients sont des grandes entreprises, contre 44 % pour les entrepreneurs et 31 % pour les auto-entrepreneurs. 

Les clients des salariés portés sont pour : 

  • 66 % : grandes entreprises
  • 54 % : TPE/PME
  • 25 % (13 % en 2016) : institutions 
  • 16 % : associations
  • 14 % : start-ups

Il est important de préciser que les salariés portés ont en moyenne moins de clients que les entrepreneurs, les rendant plus dépendants et peut-être plus vulnérables. Cependant, cette tendance s’est légèrement réduite entre 2016 et aujourd’hui. Le taux de travailleurs ayant 1 à 2 clients réguliers tend à baisser. À l’inverse, le nombre de personnes ayant entre 5 à 14 clients réguliers a augmenté. On passe de :  

  • 45 % à 31 % pour 1 à 2 clients
  • 17 % à 20 % pour 5 à 9 clients
  • 5 % à 10 % pour 10 à 14 clients 

 

En conclusion, nous pouvons dire que le portage salarial est une forme d’emploi qui arrive à maturité. Les indépendants concernés augmentent progressivement leur revenus, mais aussi leur stabilité. Certains défis restent cependant à relever. Notamment celui de la constitution d’un réseau plus large et plus performant afin de rendre le quotidien moins solitaire et la recherche de clients plus sereine.